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Vanessa Boivin-Drolet est une chanteuse, compositrice, guitariste et chanteuse du groupe montréalais Vanwho. Le nom de ce groupe a évolué à partir d’un jeu phonétique sur des mots du surnom de Vanessa “Vanoue” et du pronom “Who.” Elle chante en français et en anglais.
Vous pouvez ecouter ses chansons “Delit de fuite” y “Nobody” ci-dessous.
Par Vanessa Boivin-Drolet
Alors mon amour pour Ocracoke a commencé grâce à un trip comme tout le monde fait en louant des maisons dans les Outer Banks. J’connaissais pas ce petit village du bout de l’île à ce moment là… En 2017. Mais j’ai rencontré des gens qui m’ont connecté à Barry Wells qui m’a tout de suite pris sous son aile en criant bien fort que les gens devaient m’entendre. Il m’a premièrement amené à Kill Devill Hills pour y partager un concert au Jack Brown’s Brewery et m’a par la suite amené à Buxton ( On s’en vient, tu comprends ?! ) il a fini par me faire passer sur le traversier… Et là, c’était le début. Arrivé sur Ocracoke Island à réaliser que t’es dans le milieu de nule part, si fragile et si fort, si beau, j’ai pogné de quoi, de quoi de très fort.
Même si je jouais à la Marina, que ça sentait le poisson sur le patio du Restau, cette soirée là a été le début d’une grosse histoire d’amour entre moi, l’ile et ces habitants. Tout de suite le message a été : Si tu veux revenir l’an prochain on peut t’avoir à toutes les semaines. JE CAPOTAIS. J’ai finis la soirée un peu pompette au Gaffer’s à chanter au Barryokey, j’ai rencontré des gens incroyables, en fait tout les gens qui y habitent sont simplement fantastiques.
J’avais l’impression d’être chez moi, j’avais l’impression que le village me prenait dans ses bras et ne voulait jamais me laisser partir, et je ne voulais plus partir.
Quand j’ai quitté, je savais dure comme fer que j’allais revenir et passer l’été au complet là bas.
J’ai donc travaillé fort toute l’hiver à Montréal dans les Vestiaires d’une salle de concert, pour bien revenir l’été 2019.
Et ç’est arrivé, J’y ai crue si fort et j’y suis arrivée.
À toutes les semaines je faisais l’allée retour entre Rodanthe et Ocracoke dans le but d’aller y jouer mes chansons. Ça n’a pris qu’une seule journée, la première de toutes, pour rencontrer la personne qui allait vite devenir une de mes meilleures amies, assise au bar, m’écoutant, le regard brillant, inspiré et inspirante, j’ai rencontré Katy, Katy Mitchell, propriétaire du café Magic Bean et d’un Airbnb juste au dessus. Katy est venue me voir après le set et tout de suite j’ai senti une connexion impossible à expliquer avec des mots, je sais pas, peut-être qu’on était soeurs dans une autre vie, mais ça n’a pas été long qu’un calin nous unissait pour laissez-moi oser y croire, le reste de nos vies.

S’en est suivie beaucoup de concerts devant des gens de partout dans le monde avec des yeux pétillants devant la différence. À Ocracoke je n’ai jamais senti de haine, de peur de la différence ni de jugement, que de l’entraide, qu’une grosse boule d’amour… Les opportunités se sont enchaînés et par delà toutes les connexions j’ai finis par avoir la chance de participer à l’émission de Peter Vankevich sur les ondes de la Community Radio WOVV, à partager mon amour de la musique francophone de chez nous, au Québec.
Rendu à la fin Août, mon copain est venu me rejoindre ( 12h de route du Vermont ) pour ma fête que Katy avait organisé avec d’autres amis formidables que j’ai eu l’occasion de rencontrer toute au long de l’été, une fête que je n’oublierai jamais, mes 31 ans, kickball on the beach, Fish on BBQ on the beach, Crabs on BombFire on the beach, une chambre d’hotel 2 nuits dans le fameux Blackbeard…. C’était magique.
Ç’est une semaine et demi plus tard que je partais, et qu’arrivait ce qu’allait être la plus grosse tragédie de l’île. Dorian.
Je me rapelle être partie du Rodanthe Watersports and Campground ( Où j’habitais généralement ) alors qu’il n’y restait que 2 Campers, alors que Janet et Mike se préparaient au pire à poser les panneaux de métal devant les fenêtres…. Je me rappelle avoir posté les clefs de la chambre où j’avais dormis la semaine d’avant chez Katy et que j’avais oublié de remettre, en souhaitant de tout mon coeur qu’elle allait la recevoir et que tout allait bien aller. À 2 jours de l’arrivée de l’ouragan.
Ç’est en arrivant chez mon copain le 5 Septembre que je voyais le radar montrant l’ouragan allant tout droit sur les Cape Hatteras…. J’avais mal, j’avais peur pour tout les gens qui y habitent, pour les animaux, pour les magasins, pour tout, même les requins. Je textais Katy pour savoir si elle quittait et me disait qu’elle restait… Avec d’autres amis. J’avais du mal à dormir et quand j’y arrivais je ne faisait que rêver de ce paradis sur la côte Est des États-Unis. Katy m’écrivait de temps à autre le 6, on s’est parlé au téléphone, avant, pendant et après que l’oeil soit passé juste au dessus. J’étais dévasté de voir les images mais très soulagé de savoir que tout le monde était okay… Tout ce que j’ai connus sur l’ile a été innondé. Tout.
Aujourd’hui, presque 3 mois plus tard, je me trouve inutile toute au Nord, de retour à Montréal, à ne pas pouvoir aller voir ma deuxième famille là bas, à ne pas pouvoir les aider, à ne pas pouvoir aller leur donner mon amour et mon soutiens. Par contre, je sais qu’ils en ont beaucoup, d’amour, et que ç’est ce qui les rend aussi forts. Quelqu’un tombe, tous le relève.
Ocracoke tu me manque et je t’aime.
Ocracoke Strong
“Delit de fuite.”